C'est le grande libertinage de la nature et de la mer qui m'accapare tout entier.
J'apprenais à respirer, je m'intégrais et je m'accomplissais.
Bien pauvres sont ceux qui ont besoin de mythes. Ici les dieux servent de lits ou de repères dans la course des journées. Je dècris et je dis: “Voici qui et rouge, qui est bleu, qui est verte. Ceci est la mer, la montagne , les fleurs.”
Ici meme , je sais que jamais je ne m'approcherai assez du monde. Il me faut etre nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celles là, et nouer sur ma peau l'étreinte pour laquelle soupirent lèvres a lèvres depuis si longtemps la terre et la mer. Entré dans l'eau, c'est le saisissement, la monte d'une glu froide et opaque, puis le plongeon dans le bourdonnement des oreilles, le nez coulant et la bouche amère – la nage, les bras vernis d'eau sortis de la mer pour se dorer dans le soleil et rabattus dans une tortion de tous les muscles; la course de l'eau sur mon corps, cette possession tumultueuse de l'onde parmes jambes – et l'absence d'horizon.
Je comprends ici ce qu'onappelle gloire: le droit d'aimer sans mesure. Il n'y qu'un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer.